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Face à la vague réactionnaire
L’heure est grave. Cette campagne législative impromptue a confirmé le RN fascisant comme nouveau centre de gravité de la droite française. S’il arrive au pouvoir, il faudra lui opposer un front social, antiraciste et de classe. Mais pour l’heure, le Nouveau Front populaire nous apparaît comme la seule force capable de résister dans les urnes au RN. C’est pourquoi, « sans illusion ni scrupules », on votera NFP pour bloquer l’accès du RN à Matignon.
La dissolution de l’Assemblée nationale, coup de poker désespéré d’un président au bout du rouleau, a provoqué une accélération de la recomposition de la droite française. Les masques tombent, et ce n’est pas beau à voir.
La Macronie lepénisée
La Macronie paniquée, sentant le sol se dérober sous ses pieds, n’a cessé de renvoyer dos à dos « les extrêmes ». Son président ne se contente plus de calquer les thématiques du RN. Il en a repris même le langage, en qualifiant par exemple d’« immigrationniste » le Nouveau Front populaire (NFP), dont le programme économique serait par ailleurs « quatre fois pire » que celui du RN, et en jouant sur les paniques morales réactionnaires sur l’immigration et les personnes trans. La Macronie aura attendu le lendemain du 1er tour pour concéder du bout des lèvres que le RN était plus dangereux que le NFP.
Cogner sur des boucs émissaires
Quant aux gaullistes (LR), ils semblent voués à devenir un simple parti d’appoint. L’appoint du RN, après avoir été l’appoint de la Macronie. Parions qu’Éric Ciotti, par sa brusque allégeance à Marine Le Pen, n’aura fait que devancer les autres dirigeant·es d’un parti depuis longtemps engagé sur la pente de la droite extrême.
La recomposition politique entre les partis de droite (Renaissance et LR) et l’extrême droite (RN et Reconquête) va se poursuivre à marche forcée, autour d’un dénominateur commun : pour masquer la parenté de leurs politiques économiques et sociales désastreuses, ces partis vont cogner sur des boucs émissaires (personnes LGBTI, musulmanes, noires, arabes, militant·es écolo, « ultra-gauche », etc.) accusées de tous les maux.
Face à cette convergence réactionnaire, nous réaffirmons que l’alternative de fond et de long terme, c’est le mouvement social, les luttes collectives pour défendre nos intérêts de classe. Combattre ensemble les politiques antisociales du futur gouvernement ainsi que contre son maintien et promulgation de projets racistes et colonialistes, quel qu’il soit, sera le meilleur levier pour détacher des pans entiers de la population de l’influence du RN.
Le NFP, d’« extrême gauche » ?
Mais dans l’immédiat, le rempart de circonstance, c’est le Nouveau Front populaire.
Pour le discréditer, la Macronie et le RN se sont acharnés à le taxer d’antisémitisme et à le classer « extrême gauche ».
Dans le premier cas, c’est d’une hypocrisie écœurante. Oui, on trouve parfois au NFP des discours minimisant l’antisémitisme ambiant, et il ne faut rien céder sur ce point. Mais en l’occurrence, il s’agit surtout, pour le camp Renaissance/LR/RN, de criminaliser le soutien d’une partie du NFP à la Palestine.
Dans le second cas, qualifier le NFP d’« extrême gauche » relève de la crétinerie ou de la blague, tant son programme est d’un réformisme timide : essentiellement la protection des libertés publiques, des réglages fiscalistes, des promesses de stopper la casse sociale (retraites, assurance chômage)… mais pas de réformes structurelles, aucune nationalisation stratégique par exemple (ni dans les transports, ni dans l’énergie, ni dans la chimie-pharmacie…). Les capitalistes peuvent dormir tranquilles, ils n’ont rien à craindre de la « règle verte » promise par le NFP.
Il s’agit d’un programme d’« union antifasciste » comme l’était celui de son prédécesseur de 1936. On n’en n’attend pas davantage à vrai dire. Comme en 1936 (avec la grève générale et les occupations d’usines), les vraies conquêtes sociales se feront sans lui, voire malgré lui. Mais pour l’heure, nous appelons tout notre camp social voter pour le NFP là où il est présent au 2e tour, pour empêcher le RN d’accéder à Matignon.
Union communiste libertaire, 1er juillet 2024