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Irak : Opération turque de grande envergure contre la gauche kurde
C’est reparti pour une campagne de bombardements et de mort. Début juillet, Erdogan a lancé son armée dans les montagnes irakiennes pour traquer la guérilla qui le défie. En parallèle, il tente de se rabibocher avec un autre tyran sanguinaire, Bachar el-Assad.
Depuis la fin du mois de juin, au moins 300 véhicules blindés, dont des chars, et 15 000 soldats turcs ont pénétré au Kurdistan irakien. Dans les monts Qandil se trouve en effet la base arrière du PKK, centre de gravité de la gauche kurde au Moyen-Orient, qu’Erdogan a promis de détruire pendant l’été. Pour atteindre cet objectif, il a l’appui en Irak du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), la faction « libérale-féodale » du clan Barzani. Mais il multiplie aussi les initiatives diplomatiques.
Erdogan a coutume de galvaniser le nationalisme en Turquie avec des opérations militaires extérieures chaque fois que son autorité vacille à l’intérieur. Ce qui est le cas suite au succès de l’opposition, et notamment de la gauche kurde, aux dernières élections municipales.
Mais cette opération constitue également une pression globale sur la gauche kurde en Turquie, en Irak et en Syrie. Malgré leurs chicanes, les différents régimes d’extrême droite qui tyrannisent la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie ont au moins un point commun : la haine des forces de gauche et de l’expérience révolutionnaire qui se mène Rojava.
La Russie semble s’entremettre
En Syrie, justement, Erdogan tend la main à Bachar el-Assad. Le 28 juin, il a déclaré qu’il ne voyait « aucun obstacle au rétablissement des relations avec la Syrie », dont l’armée turque occupe plusieurs régions, où elle couvre des milices islamistes voire djihadistes. Mais Assad a lui-même affirmé le 26 juin être ouvert à « toutes les initiatives concernant les relations syro-turques ». Fin mai, le Premier ministre irakien a déclaré qu’il œuvrait pour la réconciliation entre Ankara et Damas, mais c’est surtout la Russie qui semble s’entremettre.
Il reste cependant un fossé entre les exigences syriennes et turques. Assad veut le retrait des troupes turques et l’arrêt du soutien d’Ankara aux milices djihadistes. La Turquie exige avant tout que Damas élimine l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) dominée par la gauche kurde. Aucun ne veut jouer le premier coup.
Si le gouvernement irakien et le PDK ont donné leur feu vert à une intervention militaire turque au Kurdistan d’Irak, c’est probablement en raison des enjeux d’infrastructures, notamment pétrolières, qui pour l’heure sont gênés par l’activité de la guérilla kurde.
L’État français sera encore plus complice avec le RN au pouvoir
L’État français, de son côté, n’exerce plus aucune pression sur la Turquie pour une solution pacifique au Kurdistan. Pire : pour complaire à Erdogan, il réprime épisodiquement les militants de la diaspora kurde en France.
Cette politique cynique pourrait s’aggraver avec l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national, dont la sympathie va généralement aux dictateurs, qu’il s’agisse d’Erdogan, d’Assad, de Poutine.
« Les actions de soutien militantes en France et à l’étranger sont d’une importance vitale, a rappelé récemment le représentant de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES). Cela génère aussi beaucoup d’espoir sur place. » Même s’il est évident qu’en France la priorité est à la lutte contre l’extrême droite, nos camarades révolutionnaires qui combattent l’extrême droite au pouvoir en Turquie, en Iran et en Syrie doivent continuer à recevoir notre soutien. De nombreuses initiatives sont portées par le réseau Serhildan, la Coordination nationale solidarité Kurdistan ou encore le réseau Rise Up For Rojava.
Union communiste libertaire, le 2 juillet 2024