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Kanaky : le temps béni des colonies, ça suffit !

La venue d’Emmanuel Macron qui affirme ne vouloir « ni retrait ni report mais appel[er] au calme » a semé la confusion et ancré le climat de peur et de deuil qui régnait déjà. La dissolution de l’Assemblée Nationale a détourné les médias du problème qu’il est pourtant toujours aussi urgent de résoudre : la fin de la colonisation de la Kanaky.

La Kanaky - ou Kanaky-Nouvelle Calédonie - est un archipel d’îles situé dans l’Océan Pacifique, entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande, inscrit à la liste des territoires « à décoloniser » de l’ONU. Les accords de Nouméa de 1998 étaient censés lancer un processus de décolonisation sur vingt ans, aboutissant à une série de 3 référendums sur la pleine souveraineté de la Kanaky, mais l’Etat français veut conserver sa main mise pour des intêrets géopolitiques et économiques. En effet, la Kanaky possède une proximité géographique avec la Chine ainsi que des ressources maritimes et minières.

L’UCL dénonçait déjà cette situation plusieurs semaines avant le début de révoltes qui ont débuté lorsque la police a ouvert le feu sur des manifestant-e-s s’opposant à la réforme constitutionnelle. Celle-ci, en effet, prévoyait un « dégel du corps électoral » en Kanaky. Il s’agissait - puisqu’elle a été temporairement suspendue avec la dissolution de l’Assemblée Nationale - d’élargir le corps électoral en Kanaky pour y intégrer les dernier·es arrivant·es, en majorité de France, accentuant la mise en minorité des Kanak sur le plan politique, pourtant population autochtone. L’objectif est d’autoriser toute personne installée depuis dix ans sur le territoire à devenir électrice. Cela équivaut à ajouter plus de 25.000 nouvelles et nouveaux électeurs à une liste électorale qui en compte 180.000 ; c’est considérable.

Pire encore, nous apprenons le 19 juin l’arrestation de 11 figures indépendantistes notamment du CCAT. Leurs bureaux ont été perquisitionnés dans la foulée car ces figures du mouvement sont accusées d’être responsables des révoltes que le gouvernement français a lui même provoquées, en faisant ouvrir le feu par sa police sur le peuple kanak lors d’une manifestation et par son passage en force d’une réforme coloniale sans aucune concertation.

C’est essentiel pour toute colonisation de peuplement, comme l’était l’Algérie. Depuis 171 ans, l’État français a d’abord décimé les Kanak, puis a organisé le remplacement de la population autochtone par des vagues d’immigration.

L’Etat français n’a pas renoncé à son empire colonial, et déstabilise fortement les societés encore colonisées, confrontant les peuples à une extrême violence : de la part de la police française mais aussi de milices de colons voulant conserver leurs privilèges et la situation coloniale.

Il est temps que l’Etat français se retire de ce territoire situé à plus de 22 000 kilomètres de Paris. Viendra le temps pour les habitant-es de Kanaky de décider eux et elles mêmes de la societé future qu’ils et elles veulent construire, en retrouvant dans le même temps leur accès aux droits les plus fondamentaux, à savoir le droit à leur histoire, à la terre, à la culture, à la dignité et à l’autodétermination.

Solidarité avec tous les peuples et les organisations anticolonialistes, de l’UGTG de Guadeloupe jusqu’au FLNKS de Kanaky, qui subissent et luttent contre la politique coloniale de l’État français, dans les territoires dits « d’outre-mer » ou dans les pays décolonisés toujours sous influence.

Solidarité complète avec le peuple Kanak et au mouvement indépendantiste dans son ensemble ! 171 ans d’occupation coloniale, ça suffit : il est fini le temps des colonies !

Union communiste libertaire, le 22 juin 2024.